By Julien Tshikuna
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January 2, 2021
Il fallait tenter sa chance, assure l’humo- riste de 34 ans qui vit à Los Angeles de- puis presque huit ans maintenant. Beau- coup de gens se sont moqués de Jean- Claude Van Damme mais il reste une grosse inspiration !” Parti de – et avec – rien comme notre JCVD national, sans connaître un mot d’anglais, Ju- lien Tshikuna fait un carton aujourd’hui aux États-Unis. “C’est la Mecque du stand up, alors j’avais envie de voir comment cela se passait là- bas, nous explique celui qui avait fait ses pre- mières scènes bruxelloises en 2012, à 26 ans, du côté du Kings of Comedy Club et du Made in Brussels Show. Là où des artistes comme Kody l’ont sou- tenu dans ses ambitions. “Kody m’a beaucoup poussé à mes débuts, c’est un grand frère pour moi !”, souligne celui qui a un point commun – Bruxellois d’origine congolais – avec la star du Grand Cactus. “J’avais l’impression que mon humour pouvait être universel. Alors je me suis dit : pourquoi ne pas viser haut directement et au moins essayer outre-atlantique ?” Après avoir apprivoisé la langue et enchaîné les petits boulots (serveur, livreur de pizzas, chauffeur de voitures de luxe, etc.), il a non seulement aujourd’hui un agent (chez la très renommée Saint Agency), suit des cours d’art dramatique à la Stella Adler Academy (Mark Ruffalo, Marlon Brando et Salma Hayek sont notamment passés par là) mais tourne aussi des publicités – le cachet peut aller de 10 000 à 100 000 dollars – et a surtout depuis quelques jours les honneurs de voir son spectacle – New York Laugh with Africa – diffusé sur Amazon Prime Video. “C’est une première pour un Belge, je crois, d’être diffusé sur cette plateforme. Et rare pour un non natif américain comme moi car j’en connais certains qui sont dans le milieu depuis 10 ans et qui n’ont pas cette exposition. Ce sont mes débuts mais la progression fait plaisir. Car c’est très très dur ici, la compétition est énorme. Il y a beaucoup de stand-uppers et j’en ai vu beau- coup abandonner ou repartir dans leur pays. Mais je pense que mon parcours unique est de- venu mon arme.” En effet, né au plat pays, cet ancien joueur d’Anderlecht – qui a côtoyé Vincent Kompany ! – et dont le grand frère a dansé avec Benny B, n’est autre que le fils du célèbre boxeur congo- lais Jean Tshikuna, le tout premier boxeur pro- fessionnel du Congo, décédé au mois de dé- cembre dernier (et qui devrait bientôt être ho- noré par le gouvernement Tshisekedi). “Je traite un peu de ça dans mon show, le ressenti d’être le fils d’une ancienne célébrité”, conclut le cocréateur du collectif Bantu Boys qui réalise notamment des podcasts basés sur la culture africaine et possède son propre Open Mic. “Comme de vivre en Belgique en expliquant la mentalité européenne avec ses bons et ses mau- vais côtés. Je joue beaucoup sur ce côté multicul- turel car les Américains ne connaissent pas vrai- ment notre pays à part pour la Coupe de monde de football ou pour le chocolat et la bière (sou- rire) ! Mais il y a des atouts à parler français, cela apporte un intérêt particulier. Quand des Améri- caines apprennent que tu parles français, il y a un engouement et une excitation soudaine que t’es Brad Pitt pour deux minutes (rire) !” Interview > Pierre-Yves